(AOF) - Thales (-4,87% à 133,80 euros) occupe la dernière place de l'indice CAC 40 après la dégradation d'UBS sur le titre du groupe de défense. Le broker a abaissé sa recommandation de Neutre à Vendre et son objectif de cours de 140 à 115 euros. Dans sa note, UBS explique que la division DIS (Digital Identity and Security) de Thales, qui représente 25% de l'Ebit du groupe, a connu une forte croissance à deux chiffres en 2022 et au premier semestre 2023. Cette croissance a été rendue possible par les pénuries de semi-conducteurs et les augmentations de prix qui en ont résultées.
Mais cette pénurie est maintenant résorbée souligne UBS qui poursuit son explication estimant que "les quelque 40% du chiffre d'affaires que l'activité DIS tire de la fabrication de cartes bancaires et de cartes SIM devraient diminuer de 17% en 2024 et de 7,5% supplémentaires en 2025".
Le bureau d'études table sur un recul de 3% en données comparables pour l'activité DIS en 2024 contre un consensus de +5,3%.
Le broker juge également que les vents contraires à long terme pour ses activités spatiales, ne sont pas pleinement appréciés par le consensus. "Les lanceurs de SpaceX sont nettement moins chers que ceux proposés par les clients de Thales, y compris ceux en cours de développement", fait-il remarquer. UBS considère que les défis sont d'ordre structurel.
"Les activités de Thales Alenia dans le domaine de la fabrication de satellites sont également structurellement remises en question par l'émergence de constellations en orbite terrestre basse, rendues financièrement possibles par la baisse des coûts de lancement, qui sont généralement fabriquées et exploitées par le propriétaire", ajoute la banque suisse.
Thales dévoilera le 5 mars prochain ses résultats annuels 2023.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Premier ou deuxième de l’électronique pour les satellites civils, les systèmes de mission et senseurs pour la défense, la gestion du trafic aérien, la protection des données et les cartes SIM et paiements intelligents, créé en 2020 ;
- Revenus de 17 Mds€ tirés de la défense & sécurité pour 54 %,de l’aérospatial pour 28 %, de l’identité et sécurité numériques pour 19 % et de l’aéronautique civile pour 7 %;
- Présence internationale, à 24 % pour la France, 29 % pour les autres pays d’Europe, 14 % en Asie, 12 % en Amérique du Nord et 9 % au Moyen-Orient ;
- Modèle d’affaires fondé sur 4 piliers : la force de la R&D, à 20 % des ventes, les synergies entre métiers tirées d’une profonde connaissance des marchés, une base étendue d’actifs digitaux et une présence globale dans + 50 pays ;
- Capital verrouillé par 2 actionnaires de concert, Dassault Aviation (24,63 %) et l’Etat français (25,68 %), Patrice Caine étant président-directeur général du conseil d’administration de 16 membres ;
-Situation financière saine avec une dette notée A-, fortement diminuée à 894 Ms€ à fin juin face à 7,6 Mds€ de capitaux propres.
Enjeux
- Stratégie de recentrage sur l’aérospatial, la défense & sécurité et l’identité & la sécurité numériques ;
- Stratégie d’innovation soutenue par une R&D proche de 20 % :
- écosystème mondial regroupant 1/3 des effectifs, avec un portefeuille de plus de 23 000 brevets, 6 hubs, 3 digital factories et 50 partenariats académiques ;
- focus sur 5 expertises digitales : connectivité, bid data, cybersécurité et intelligence artificielle, via le programme AI@Centech et l’approche quantique TrUE AI ;
- Stratégie environnementale bas carbone :
- réduction de 25 % des émissions directes de CO2 en 2023, de 50 % en 2030 (vs 2018) et objectif net zéro en 2040,
- 100 % des produits et services éco-conçus en 2023,
- lancements d’emprunts verts,
- 4 axes prioritaires : gestion environnementale, optimisation des vols, gestion des trafics aériens, entraînement et signalisation ;
– Accélération des activités, obtentions de contrats et investissements dans la défense et la sécurité (2/3 des bénéfices estimés) et l’aérospatial (15 %) ;
- Acquisitions d’Excellium et S21sec (pôle sécurité) et de AAC (sonars) ;
- Visibilité avec un carnet de commandes record gonflé par l’entrée en vigueur des ventes de Rafale aux Emirats Arabes Unis et, plus globalement, par les besoins en Défense & Sécurité.
Défis
- Tensions dans les chaînes d’approvisionnement, en particulier de semi-conducteurs et inflation : résilience des chaînes d’approvisionnement, montée en puissance des recrutements et transfert aux clients des coûts d’achat ;
- Retombées des avancées dans l’avionique et la biométrie avec la reprise du trafic aérien puis des investissements R&D en capteurs quantiques, sécurité du cloud et traitement des données en IoT ;
- Rythme des commandes aérospatiales inférieur à celui du groupe ;
- Après un bond de 41% des prises de commandes et de 9,6 % des revenus à fin septembre 2022, objectifs 2022 confirmés : chiffre d’affaires en hausse proche de 5,5 % et marge opérationnelle de 10,8 à 11,1 %.
- Acompte sur dividende 2022 de 0,70 € versé en décembre et rachats d’actions.
La fin d'un duopole ?
Depuis plusieurs décennies l'américain Boeing et l'européen Airbus se partagent 99% du marché mondial des avions de ligne de plus de 110 sièges. Ce marché pèse plus de 100 milliards de dollars par an. Néanmoins ce duopole paraît fragilisé en 2022 pour plusieurs raisons. D'abord, pour la première fois, deux avions monocouloirs moyen-courriers, le C919 du chinois Comac et le MC-21 du russe Irkut, s'apprêtent à entrer en service. A cela s'ajoute la crise du Boeing 737 MAX. Avec l'arrêt des livraisons de cet avion entre 2019 et 2021, l'équilibre de production a été rompu. En 2021 Boeing a affiché 340 livraisons, Airbus restant largement en tête, avec 611.
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